Lorsque j’ai rejoins Y-Proximité, j’ai ressenti après avoir collecté de nombreux signaux décrits dans cette suite de billets, le besoin de lancer un processus de migration de notre application “CMS” orienté réseau, multi-tenant (1BDD = X clients) & marque blanche. Elle héberge aujourd’hui environ 2,000 sites/landing pages.
On peut lire de à certains endroits qu’une refonte c’est le mal. J’ai décidé de raconter comment s’est passé notre migration (moins abbrasive sur le plan politique qu’une refonte) qui s’est déroulée sur 2 ans. Voici mon cahier de route de la migration vers “Yprox v2” qui couvre plusieurs sujets.
- I. Migration: Les raisons
- II. Migration: Le processus de migration continue
- III. Migration: Le bilan
La migration continue, pourquoi et comment
Le but de la migration continue est de mettre à disposition une nouvelle version de son application tout en gardant l’existante disponible, s’assurant une transition continue d’une version X vers une version Y.
Cela permet de réduire les risques de la migration ; au lieu du gros bouton de “bascule” de la version Y vers la version X, on active la migration pour des fonctionnalité précises, laissant plus de place à l’amélioration basée sur le feedback des utilisateurs. De plus, cela envoie des signaux rassurants à votre hiérarchie : l’avancement de la migration est visible en “temps réel” (opposé au fait qu’on doive attendre 2 ans dans mon cas avant de voir “tourner” le produit en prod).
Sur le sujet je vous conseille l’excellente présentation de François Zaninotto sur la Migration continue d’une application Symfony2
Dans notre cas, nous avons mis en place une migration continue partielle. Seuls nos utilisateurs internes ont bénéficié de cette migration continue. Elle n’a touché que le backoffice de notre application. La partie frontoffice est le fameux “bouton rouge” de mise en prod finale. Le but était de migrer continuellement tout ce qui était possible (comprenez par “possible” le ratio avantage/temps).
L’organisation des branches & de la production
La première étape fut la création d’une branche develop-2 qui allait contenir tous les changements. Nous avons donc mis en place 2 URL différentes pour accéder en temps réel aux 2 backoffices. La base de données est partagée entre ces 2 versions.
Stratégies de migration
Le développeur chargé de la migration était libre du moyen employé pour la migration. Je préconise cependant le fait de supprimer toute allusion au code de l’ancienne version sur la branche de la nouvelle version. Cette opération évite que les devs copy/paste/move le code sans le lire/comprendre (et donc passer à côté d’une opportunité de le réfactoriser).
Le mantra était alors de ”s’en inspirer, le refactorer, et à défaut, le reprendre tel quel”.
Cette suppression du code legacy, dans notre équipe, a eu lieu presque 1 an après le début de la migration afin de nous laisser le temps de reposer la base architecturelle afin d’assurer un fonctionnement minimum sur la v2.
Nous avons rencontré deux types de situations pendant la migration continue :
1/ Stratégie de cohabitation
Le module X est accessible sur v1 et sur v2 car les changements sont compatibles entre eux.
2/ Stratégie de remplacement
Le module X est migré sur v2, il contient des changements incompatibles avec la version existante (appellés BC Breaks). Dans notre cas il s’agit souvent de la structure de la base de données. La nouvelle entité responsable de ce changement de structure BDD est alors “backportée” sur v1 (souvenez-vous la BDD est partagées entre les 2 versions). La migration SQL est jouée en prod et le module X n’est plus accessible sur v1 et redirige sur v2.
Comment appliquer les patchs de votre ancienne version sur la nouvelle ?
Au début c’est assez facile à coup de rebase/merge, et puis en fonction de la fracture, il sera de plus en plus difficile de le faire.
Scénario: Vous patchez un bug présent sur l’ancienne version et qui forcément impacte la nouvelle (puisque la branche a été créée de v1).
Résultat: Très vite, cette opération de rebase (pour garder un historique propre) devient un châtiment mental :
Please kill me.... pic.twitter.com/EvjbdAAeQe
— Tristan Bessoussa (@sf_tristanb) 11 février 2015
(Pour les devs à tendance SM qui souhaitent quand même s’engager dans cette voie, vous pouvez aussi essayer : Git rerere)
Et puis, ce gouffre de changement structurel (changement de namespace, réorganisation du code), ne permettait plus de faire une opération de rebase/merge depuis la branche de la v1. Quelques mois plus tard, cette branche a définitivement rompu avec master. </3
Avec du recul, le point “pain in the ass”, c’est que dès que vous corrigez un bug sur v1, vous devez savoir si ça impacte v2, et patcher les méthodes qui n’ont parfois en commun entre les versions, que leurs objectifs métier.
Déploiement continu
Chaque pull request était testable dans un environnement dédié grace au Pull Request Builder.
La branche develop-2
a bénéficié d’un processus de déploiement continu (Travis lance un playbook Ansible de déploiement applicatif au travers d’un serveur Tower). Nous sommes montés en pointe jusq’à 32 déploiements par jour (Amazon n’a qu’à bien se tenir…)
Lire la suite : III. Migration: Le bilan